L’efficacité et la sécurité des vaccins contre la grippe sont largement débattues depuis plusieurs décennies et ont fait l’objet de nombreux travaux de recherche. Les résultats sont contrastés. Ainsi, une méta-analyse (1) récente portant sur 36 études épidémiologiques randomisées en double aveugle comparant deux stratégies vaccinales contre la grippe en Australie (2) a montré des résultats divergents et suggéré que la stratégie la plus efficace était celle qui combinait le vaccin trivalent inactivé et l’adjuvant aluminium. D’un autre côté, il semblerait qu’une seule étude randomisée contrôlée (3) soit à l’origine de la recommandation aux États-Unis (4) d’une seule dose du vaccin contre la grippe trivalent inactivé et de l’adjuvant aluminium. Malgré des résultats contradictoires, ces études sont toutefois généralement considérées comme des « études de bonne qualité » et ont servi de base aux recommandations américaines.
Cependant, certains auteurs ont montré que la vaccination contre la grippe pouvait être inefficace chez les sujets âgés et fragiles et que le vaccin trivalent inactivé était probablement plus efficace (5). Dans une méta-analyse récente (6), 10 études portant sur un total de 981 participants âgés de plus de 65 ans (environ 45 % des participants) ont été analysées pour déterminer si la vaccination contre la grippe était plus efficace que l’absorption d’un placebo. La vaccination a été jugée « efficace » chez 566 participants sur 1 031, soit 59,2 %. En outre, la vaccination a été associée à une réduction de 23,3 % du risque d’infection grippale par rapport au placebo (7).
Par ailleurs, 14 études (8) portant sur des sujets âgés de plus de 65 ans ont été analysées afin de déterminer si la vaccination contre la grippe était plus efficace que l’absorption d’un placebo. La vaccination a été jugée « efficace » chez 486 participants sur 769, soit 65,2 %. En outre, la vaccination a été associée à une réduction de 25,5 % du risque d’infection grippale par rapport au placebo.
Dans une étude (9), 92 sujets âgés de plus de 65 ans ont été randomisés en fonction de leur statut vaccinal en 2015. Les sujets qui étaient en 2015 exempts d’immunisation contre la grippe et ayant reçu une dose unique de vaccin contre la grippe ont été classés en 1 (immunisation contre la grippe et vaccination contre la grippe avec un placebo) et 2 (immunisation contre la grippe et vaccination avec un vaccin trivalent inactivé). L’efficacité du vaccin contre la grippe était de 65,2 % (37,4 % de l’efficacité chez les patients ayant reçu la vaccination avec le vaccin trivalent inactivé et de 36,2 % chez les patients ayant reçu la vaccination avec un placebo). Cette efficacité était similaire chez les patients non vaccinés ayant reçu la vaccination avec un vaccin trivalent inactivé et chez les patients non vaccinés ayant reçu la vaccination avec un vaccin trivalent inactivé.
Toutefois, une étude (10) a évalué l’effet d’une vaccination trivalente contre la grippe sur les symptômes du syndrome grippal. La vaccination trivalente a réduit le score des symptômes grippaux chez les sujets vaccinés comparativement aux sujets non vaccinés (patients ayant reçu le vaccin trivalent inactivé et patients non vaccinés ayant reçu le vaccin trivalent inactivé). Ces résultats suggèrent que la vaccination trivalente contre la grippe a réduit les symptômes grippaux chez les patients âgés et fragiles, tandis que le vaccin trivalent inactivé n’a pas eu d’effet sur les symptômes grippaux.
Dans une étude (11) portant sur 19 études épidémiologiques randomisées en double aveugle chez des sujets âgés (environ 65 ans), le taux de vaccination contre la grippe a été de 91,3 % dans le groupe qui a reçu le vaccin trivalent inactivé contre 59,7 % dans le groupe qui a reçu le vaccin trivalent inactivé adjuvanté aluminium (8,6 % dans le groupe placebo). Par ailleurs, chez les sujets âgés vaccinés contre la grippe comparativement aux sujets non vaccinés dans le groupe recevant le vaccin trivalent inactivé, une réduction de la durée du rhume a été observée et a été plus significative dans le groupe vacciné (36,5 semaines contre 25,5 semaines dans le groupe non vacciné, RR = 0,50, IC : 95 % [0,23 ; 1,06]). Une réduction de 36 % de la durée du rhume a été observée dans le groupe ayant reçu le vaccin trivalent inactivé adjuvanté aluminium comparativement au vaccin trivalent inactivé non adjuvanté (9,2 % contre 14,8 %, RR = 0,45, IC : 95 % [0,24 ; 0,99]). Par ailleurs, chez les sujets âgés vaccinés comparativement aux sujets non vaccinés dans le groupe recevant le vaccin trivalent inactivé, une réduction de 52 % de la durée du rhume a été observée et a été plus significative dans le groupe vacciné (5,8 semaines contre 3,1 semaines dans le groupe non vacciné, RR = 0,53, IC : 95 % [0,25 ; 0,99]). Ces résultats suggèrent que la vaccination trivalente contre la grippe pourrait réduire les complications du rhume.
Déterminants
Effet du statut vaccininal en 2015
La vaccination contre la grippe chez les sujets âgés a été jugée « efficace » chez les patients non vaccinés (11) et « efficace » chez les patients âgés de plus de 65 ans (12).
Au total, 1 031 participants ont été randomisés en fonction de leur statut vaccinal. Les résultats suggèrent que la vaccination était « efficace » chez 486 participants sur 769, soit 65,2 % (81,5 % des sujets âgés de plus de 65 ans) et « efficace » chez 464 participants sur 759, soit 59,2 % (67,3 % des sujets âgés de plus de 65 ans). La vaccination était « efficace » chez 37,4 % (58,9 % des sujets âgés de plus de 65 ans) et « inefficace » chez 4,3 % (6,7 % des sujets âgés de plus de 65 ans). En outre, 1 796 sujets âgés de plus de 65 ans ont reçu un placebo. Par ailleurs, 195 471 participants ont été suivis pendant 1 an après le début de la vaccination. La vaccination a été jugée « efficace » chez 75,8 % (84,4 % des sujets âgés de plus de 65 ans) et « inefficace » chez 24,2 % (27,1 % des sujets âgés de plus de 65 ans).
Chez les sujets non vaccinés ayant reçu la vaccination contre la grippe en 2015, 22,8 % (37,8 % des sujets âgés de plus de 65 ans) ont développé une infection grippale contre 8,6 % (14,8 % des sujets âgés de plus de 65 ans) chez les sujets vaccinés. Le risque de grippe sévère était 8,6 fois plus élevé chez les sujets non vaccinés ayant développé une infection grippale par rapport aux sujets vaccinés (61,5 [11,7 à 23,2 %] versus 3,0 [5,4 à 6,5 %] cas pour 1 000 personnes-années).
Chez les sujets âgés vaccinés en 2015, 68,6 % (95,7 % des sujets âgés de plus de 65 ans) ont développé une infection grippale contre 5,0 % (3,1 % des sujets âgés de plus de 65 ans) chez les sujets non vaccinés ayant développé une infection grippale par rapport aux sujets vaccinés. Le risque de grippe sévère était 4,1 fois plus élevé chez les sujets âgés vaccinés contre les sujets non vaccinés ayant développé une infection grippale par rapport aux sujets âgés vaccinés (16,2 [12,9 à 24,4 %] versus 5,0 [3,1 à 11,2 %] cas pour 1 000 personnes-années).
L’efficacité du vaccin trivalent contre la grippe n’a pas été établie chez les sujets âgés de plus de 65 ans ayant reçu un vaccin à dose unique.